Le Roi des galéjeurs

× Galéjeur
Article simple (beaucoup plus simple que ceux du “Journal Officiel”)
Nom commun (en français “ Président ”)
Article contracté (aux Variétés par le rire)
Autre nom commun (à la plupart des Marseillais)

Mais au fait... qu'est-ce qu'une galéjade?
La galéjade s'inspire de la resquille, du bobard, de la combine, de la farce et de l'attrape-nigaud cher à nos grands-pères.
Cependant, la galéjade a une hiérarchie. Dans les belles occasions, on pratique, à Marseille, la « grande galéjade ». C'est un « vaste bateau » monté dans le but de prendre « celui qui croyait prendre ».

Lorsqu'au cabanon on fait goûter la bouillabaisse aux invités, avant de la servir, il y a toujours une « tête de Turc », — ce qu'on appelle, chez nous, un « fada » — auquel on substitue, au bon moment, une cuiller amplement garnie de sel et de poivre.
Il ne se méfie pas, bien sûr, le « pôvre », puisque avant lui tout le monde, même le « meneur du jeu », choisi parmi les plus farceurs de la compagnie, et que l'on appelle le « Roi des Galéjeurs », a absorbé sa part.

Et c'est pourquoi la galéjade est bonne et réussit toujours.

Mais la « grande galéjade » consiste à faire absorber la cuiller amplement poivrée à celui qui, prévenu, doit la faire avaler par un autre. Alors, il faut voir sa tête. Il ne s'y attend pas, bien entendu, puisqu'il est « dans le coup », et sa fureur est grande.
— À moi, dit-il, la gorge en feu. Vous avez fait ça à moi! A MOI!

Et cet A MOI prend soudain, dans sa bouche, une saveur particulière, un goût aillé et safrané dont Marseille se régale, et qui réjouit tout le monde, y compris celui à qui le poivre était primitivement destiné et qui l'a échappé belle.

Voila une galéjade classique... Il y en a d'autres, et notamment celle du « faux maître d'hôtel qui ne fait que des gaffes ». Mais celle-là est la plus typique, et c'est pourquoi je l'ai donnée en exemple.

Maintenant, munis de ce viatique, vous pourrez assister en toute confiance à la « grande galéjade » qu'est « Le Roi des Galéjeurs », opérette écrite au « Pays du Soleil », par « un de la Canebière », à l'abri des « gangsters du château d'If ».

C'est une galéjade où, seul, le public ne sera pas « possédé ». Ça, je vous le promets.

Henri ALIBERT

[Extrait du programme original]