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Document

A propos de "Ta bouche" (Yvain, 1922)

La reprise 2004-2005 par la troupe des "Brigands"

 

J'ai assisté à une représentation de "Ta bouche" par les Brigands au Théâtre de la Madeleine en juin 2005, et je dois dire que c'est la première fois depuis bien longtemps que j'apprécie autant une reprise.

Quelle est la raison du succès de cette version, par opposition à l'échec d'Alain Resnais avec son épouvantable "Pas sur la bouche" (la partie musicale, s'entend, le livret est plutôt bien traité) ? La recette est simple, mais elle n'est pas donnée à tout le monde, apparemment : le respect de l'œuvre originale. Son esprit et sa forme.

Les principales libertés  prises par les adaptateurs concernent le livret, qui a été sévèrement élagué. On ne peut le leur reprocher : les pièces de l'époque étaient très bavardes, et duraient souvent près de 3 heures. Le seul petit inconvénient de ces coupures à la hache, c'est parfois une certaine difficulté à suivre l'intrigue !

En revanche, il n'y a pas la moindre coupure dans la musique.

Il n'y a pas non plus de trahison musicale. Thibaut Perrine n'a pas "arrangé" la musique comme avait pu le faire Bruno Fontaine pour Resnais. Ce n'est même pas une orchestration, c'est une "instrumentation". Il est vrai que l'orchestration originale de Maurice Yvain (remarquable, quoique plus datée que ses compositions d'après 1923) était un peu copieuse, et Thibault Perrine l'a très intelligemment réduite pour ses 10 musiciens, dans l'esprit instrumental de l'époque. Il en a parfois profité au passage pour la modifier très légèrement, mais toujours dans l'esprit des années 20 : les mesures dédoublées sur "Non non jamais les hommes", ou le balancement swing sur "De mon temps" nous poussent certes un peu vers les années 30, mais sans rupture de ton. A d'autres moments, des airs prévus pour des solistes sur la partition sont interprétées à plusieurs en voix alternées, ce qui dynamise ces morceaux toujours un peu statiques. Il n'y a guère que le "Pour toi" du 3e acte qui sonne, étrangement, moins "jazzy" que la version 1922.

L'orchestre est remarquablement mené et les interprètes chantent - et jouent, et dansent - juste ! J'ai modérément goûté les mises en abyme (le spectacle dans le spectacle), parce qu'elles rompent la fidélité à l'œuvre  qui préside au reste de la représentation, et qu'elles sont un peu en conflit avec le second degré parodique déjà contenu dans la pièce, mais c'est un détail très mineur.

Beaucoup d'acteurs en font trop, au premier rang desquels Emmanuelle Goizé et Gilles Bugeaud, mais c'est parfaitement - génialement, même, par moments - dans le ton. Il ne faut pas oublier que les interprètes de ces comédies musicales dans les années 20 s'appelaient souvent Raimu, Arletty, Fabre... et beaucoup de ces seconds couteaux du cinéma des années 30 aux années 50 qu'on finit par appeler "les chargeurs réunis".

On comparera à cet égard avec profit les parties parlées de cette version avec celle produite par l'ORTF en 1970, par une troupe marquée par la tradition sclérosée de l'opérette d'après-guerre. La version apparemment plus sage de 1970 est en réalité beaucoup plus éloignée de l'esprit du texte que celle-ci (les passages les plus "corsés" y avaient d'ailleurs été adoucis !)

Bref, cette reprise est un enchantement. Vivement "Toi c'est moi" fin 2005 !


Radio


 / 
Emission Chanson Boum
(France Culture, janvier 2005)

 / 
Emission Etonnez-moi Benoît
(France Musique, décembre 2004)
Avec Benjamin Lévy,

Présentation sur le site de l'émission :
Depuis une décade un genre que l'on voyait mourir peu à peu dans des productions pitoyables renaît de ces cendres. La saison dernière Ta bouche, une petite merveille signée Maurice Yvain ("Mon Homme" c'est lui) a connu un joli succès, au point que la troupe reprend le spectacle.

L'occasion de parler des interpénétrations de l'opérette et de la chanson, de l'injection de populaire dans le classique (et vice versa).


Dossier de presse

Contact Presse :
Bodo avec Monsieur Laurent : 01 44 54 02 00 pourbodo@club-internet.fr
Théâtre de la Madeleine : Secrétariat Général, Lucien Zayan lzayan@theatremadeleine.com  T : 01 42 65 43 05 – F : 01 42 66 27 80  

Théâtre de la Madeleine Direction Frédéric Franck – Stéphane Lissner

A partir du samedi 16 avril 2005

Ta Bouche

Opérette en trois actes de Maurice Yvain (1891-1965)
Livret de Yves Mirande (1875-1957) et Lyrics de Albert Willemetz (1887-1964)
Création à Paris au Théâtre Daunou le 1er avril 1922

Instrumentation de Thibault Perrine pour onze musiciens
Avec l’aimable autorisation des Éditions Salabert

Direction musicale Benjamin Lévy Mise en scène Stéphane Druet

par la Compagnie Les Brigands

Scénographie

Florence Évrard

Costumes

Elisabeth de Sauverzac

Lumières

Philippe Lacombe

Chorégraphie

Alma de Villalobos

 

 

Eva

Emmanuelle Goizé

La Comtesse

Muriel Souty

Mélanie

Isabelle Mazin

Bastien

Sébastien Lemoine

Du Pas de Vis

Gilles Bugeaud

Jean Leduc

Loïc Boissier

Marguerite / Mag / Margot

Anne-Lise Faucon / Florence Andrieu Camille Slosse / Alma de Villalobos

Violon Pablo Schatzman, Alto Laurent Camatte / Maria Mosconi / David Gaillard Violoncelle Vérène Westphal / Anabelle Brey, Contrebasse Antoine Sobczak / Cédric Carlier / Nicolas Crosse Flûte Bastien Pelat / Anne-Cécile Cuniot / Boris Grelier, Clarinette Julien Chabod / François Miquel Basson Yannick Mariller / Emmanuel Deslandes, Cor Takénori Némoto / Emmanuel Bénèche, Cornet André Feydy / Frédéric Presle, Percussions Pierre Gourier / Guillaume Itier Piano et chef de chant Nicolas Ducloux

Production Théâtre de la Madeleine - Compagnie Les Brigands En accord avec le Théâtre de l’Athénée-Louis Jouvet à Paris co-production avec La Coursive - Scène Nationale de La Rochelle, Avec le soutien de l’ADAMI et de la SPEDIDAM

Le Théâtre de la Madeleine reçoit le soutien de HSBC CCF

Représentations du mardi au samedi à 20h30 et le dimanche à 15h30 Relâche le lundi Prix des places : 45€, 30€, 15€ (hors frais de réservation téléphonique, 2€ par place)

Premiers aux Premières : du samedi 16 au vendredi 22 avril, -50% sur le prix des places

Théâtre de la Madeleine, 19, rue de Surène, 75008 Paris, Métro et parking Madeleine Réservations Par téléphone : 01 42 65 07 09 (tous les jours de 11h à 19h, le dimanche de 11h à 15h) Location FNAC : 0892 68 36 22 (0.34€/mn) Par internet : www.theatremadeleine.com  Les points de vente : Magasins Fnac - Carrefour - Printemps - Bon Marché - Agences Anne-Lise Faucon / Florence Andrieu Camille Slosse / Alma de Villalobos

Quoi de plus charmant
Qu’un petit amant
Dont les bras savent vous lier ?
Ça vaut tous les colliers !
Quoi de plus charmant
Qu’un petit amant
Qui vous saute au cou chaqu’soir ?
Ça vaut tous les sautoirs
Ça vous embellit, ça vous pare
Il n’est pas de perle plus rare
Quoi d’moins cher vraiment,
Qu’un petit amant,
Qu’on peut ach’ter à tempérament ?

Truc-sur-mer, Pouic-les-flots et Fric-les-bains, les stations balnéaires à la mode sont le décor des trois actes rocambolesques de Ta Bouche. Ou comment bien marier ses enfants lorsqu’on est ruiné, tout en dissimulant son pitoyable train de vie et en cherchant à se marier soi-même ? Séduction à tous les âges et à tous les étages ! On s’aime et on se quitte suivant les étés. La musique sert parfaitement cette intrigue vaudevillesque. Les tubes s’enchaînent élégamment dans une profusion de rythmes «à la mode des Années Folles grâce à la direction musicale enlevée de Benjamin Lévy et la mise en scène truculente de Stéphan Druet.

Ta bouche, la naissance d'un genre, par Omer Corlaix *

A peine séchée l'encre de l'armistice du premier conflit mondial, le Théâtre des Bouffes Parisiens inaugure à sa manière les « Années folles », le 12 novembre 1918, avec l'opérette néo-hellénique Phi-phi d'Henri Christiné et Albert Willemetz commanditée par l'entrepreneur de spectacles Gustave Quinson, mettant en scène les amourettes du sculpteur athénien, Phidias. Le ton est à la fête, les survivants de la Grande Guerre veulent jouir du présent. Les invalides et les veuves en seront les Cassandre.

Avec l'arrivée au premier semestre 1918 des troupes étasuniennes dans le tintamarre du concert des nations, une musique afro-américaine a mis le pied sur le vieux continent : le jazz. Un souffle nouveau venant d’Outre-Atlantique secoue la scène parisienne. Les revues de music-hall et les comédies musicales à la Broadway envahissent les théâtres des boulevards. Le critique Louis Léon-Martin en 1928 dans son essai Le Music-hall et ses figures y perçoit un « machinisme appliqué à la figuration ». Un art plus léger, plus sensible au plaisir et populaire succède sur la scène au symbolisme d'avant-guerre et à la psychologie dramatique vériste. Aux sources de la "comédie musicale française", une culture du divertissement Au seuil du XXème siècle aux Etats-Unis, la jeune industrie du disque et les éditeurs de musique de « morceaux détachés » sélectionnent pour le grand public, avide de nouvelles mélodies, des chansons courtes et faciles à mémoriser conçues par une armée de paroliers sur des musiques interprétées à la chaîne par des song pluggers 1 (pianistes). Certaines sont orchestrées et seulement un petit nombre deviendra des hits songs, des « tubes ». La scène new-yorkaise de Broadway s'appuie sur une forte division du travail qui mutualise les risques : « les propriétaires de salles et les producteurs, les scénaristes qui conçoivent les livrets (books), les paroliers (lyrics), les compositeurs, puis les arrangeurs et les orchestrateurs, les répétiteurs et enfin les interprètes. »2. Elle ne fait que s'aligner sur les procédés de sélections réalisés dans le "Tin Pan Alley" (le quartier des éditeurs de musique de New York3). Le hit song est au coeur de la nouvelle comédie musicale américaine, il permet d'étendre, au-delà du théâtre, l'aura de la comédie et génère un nouveau public en commercialisant un produit nouveau. Ira Gershwin pour les paroles et George Gershwin4 pour la musique vont être au centre de cette transformation du paysage musical. Si le texte des lyrics fait appel au calembour, au jeu de mot, au bout-rimé facile à mémoriser, la musique met en avant la pulsation rythmique. La grande innovation est que la mélodie passe au second plan.

Une mécanique plaquée sur du vivant

En France, cette innovation s'impose par la rencontre, grâce au chanteur Maurice Chevalier, de deux personnages hors pairs Albert Willemetz (1887- 1964) et Maurice Yvain (1891- 1965). Le premier est le parolier le plus recherché de la place parisienne, le second est un musicien doué, pianiste brillant, il éponge toutes les musiques de danses qui hantent les cabarets provenant du continent américain, le jazz ou le tango. Leur collaboration commence en sauvant la revue de Briquet et Saint-Granier, On peut monte, prévue pour l'inauguration du nouveau théâtre de la Gaîté-Rochechouart. Des 80 vers en octosyllabes de l'ouverture, Maurice Yvain ne retient que le vers suivant "Les épiciers sont très polis" que transforma le trio vocal des épiciers, sous la houlette de Maurice Chevalier, en "Les épipis sont très popos". Le rire gagna la salle, l'opérette était sauvée. Sa carrière était faite, le "Napoléon du théâtre", Gustave Quinson, directeur du Palais-Royal, les engage pour un projet plus ambitieux, sa nouvelle opérette Ta bouche. La première mouture du livret est réalisée par Gustave Quinson et Yves Mirande. Albert Willemetz et Maurice Yvain ne retiennent de "l'excellent livret" (5) que peu d’éléments.

« Aucune scène dans cet embryon de comédie ne motivait l'adjonction de musique ni de parodie » rapporte ce dernier dans ses mémoires. Il précise : « Seule, une valse était prévue, valse qui, jouée en coulisses par un orchestre tzigane, devait donner son titre à l'ouvrage. Nous prîmes le parti héroïque : nous créerons des situations, ferons des couplets dans la « ligne » des personnages, laissant aux auteurs le soin de bâtir leur livret « autour » de ce que nous aurions écrit. ». Cette première étape passée, Albert Willemetz et Maurice Yvain s'enferment dans une villa du Midi de la France pour composer la musique et les lyrics des chansons. Si ce dernier terme fut perçu à l'époque comme un anglicisme malheureux, il recouvre en fait une méthode de travail ainsi que l'explique Maurice Yvain : « Généralement, le musicien compose sa musique sur des couplets écrits préalablement par l'auteur ; ici, au contraire, l'auteur devait écrire ses paroles sur la musique composée à l'avance. »6 Pour répondre à ses détracteurs Albert Willemetz au moment de la création de Ta bouche explicita la double contrainte de l'opérette dans le choix des interprètes : « Toute opérette qui se respecte, ou même qui ne se respecte pas, comprend deux parties : une partie parlée qu'on appelle livret et une partie chantée, qu'on appelle maintenant lyrics. Il faut donc autant que possible, pour jouer une opérette, faire appel à des gens à la fois qui parlent et qui chantent, c'est-à-dire à des comédiens qui aient de la voix. Or qu'est-ce que la voix ? Le Larousse la définit : "un ensemble de sons formés par l'air qui sort des poumons et de la bouche de l'homme et qui est modifié par la contrainte de la glotte." Munis de ces précieux renseignements et avant d'engager Victor Boucher [comme interprète de Bastien] pour créer Ta Bouche, nous lui posâmes au préalable ces différentes questions :

- Es-tu un homme ? As-tu de l'air ? As-tu des poumons ?

Il nous répondit affirmativement. Inquiets, nous ajoutâmes :

- Enfin, as-tu une glotte !

Boucher se contenta de baisser pudiquement les yeux.

Entièrement rassurés, nous n'hésitâmes pas dès lors à lui confier le rôle de ténor léger (62kilos). Les interprètes choisis, les répétitions au Théâtre Daunou pouvaient commencer. Dans le même texte, Albert Willemetz rappelle la priorité de la scène sur la fosse dans l’opérette : « C'est ainsi que j'ai appris à connaître ce qu'est exactement un chef d'orchestre. On croit généralement que c'est un chef qui conduit les musiciens. C'est inexact. C'est un monsieur qui pendant trois heures, s'efforce de suivre les chanteurs ou tout au moins de les rattraper. » (7)

La fièvre de la danse syncopée 8

Dans l'histoire de l'opérette, Ta Bouche marque une rupture comme le rappelle Florian Bruyas dans sa monumentale histoire du genre9 : « Avec Maurice Yvain, l'ancienne opérette paraît condamnée à jamais. Ta bouche signifiait que le temps de la danse était venu, même pour le théâtre d'opérette. Toute la France dansait et elle dansa surtout sur les airs de la nouvelle opérette et Ta bouche faisait rire la France aux larmes [des] effets comiques provenant des ridicules qui s'étalaient dans cette société si mélangée » des années 20.

Au moment de sa sortie l'opérette bénéficie d'un relatif climat favorable, 1922 étant une année d'euphorie dans un contexte de crise financière. Le niveau général des prix baisse de 23 % après une période d'inflation constante. Le Franc retrouve une parité plus favorable face à la Livre Sterling en avril 1922, (48 F contre les 59 F) au lendemain du premier conflit mondial. Le soir de la première du 1er avril 1922, le public du Théâtre Daunou fait un triomphe à l'opérette. Plusieurs lyrics deviennent des « tubes » : « Le petit amant », « De mon temps », « Ca c'est une chose qu'on n'peut oublier ! », « Machinalement », « Non, non, jamais les hommes », « Le duos des coupons »… Inscrites sur des tableaux, les paroles des refrains descendaient des cintres, puis étaient reprises en choeur par le public. L'éditeur Francis Salabert publia dans la foulée les nouveaux tubes en « morceaux détachés ». La « comédie musicale à la française » avait repris aussi les idées commerciales des comédies musicales d’Outre-Atlantique. Il ne manquait plus au rendez-vous que la T.S.F. pour donner à l'événement parisien une ampleur nationale.

Omer Corlaix est directeur fondateur de la revue et des éditions Musica Falsa, membre de l’Académie Charles Cros et chroniqueur à France Musiques.

Ta Bouche est éditée dans son intégralité à l’Avant-scène théâtre, n°117

1. On peut grossièrement traduire "démonstrateur publicitaire".
2. Jean-Christophe Marti, Gershwin, Ed. Jean-Paul Gisserot, 2000, p 33
3. 27th Street
4. Il a été plugger dix heures par jour pendant trois ans, de mai 1914 à mars 1917 chez l'éditeur Jérôme H. Remick and Company.
5. Maurice Yvain, Ma belle opérette, La Table ronde, 1962, p 134
6. Op.cit., p 164
7. Jacqueline Willemetz, Albert Willemetz. Prince des années folles, éd. Michalon, 1995, p 132
8. Gianfranco Vinay, La comédie musicale in Musiques, une encyclopédie pour le XXIe siècle, vol. I, Actes Sud/Cité de la musique, 2003, p 709
9. Florian Bruyas, Histoire de l'Opérette en France, éd. Emmanuel Vite, 1974, p 447

Maurice Yvain, musique

Maurice Yvain est né en 1891 à Montmartre d’un père musicien. Il étudie l’harmonie au Conservatoire de Paris dans la classe de Xavier Leroux. C’est un élève surdoué. Il deviendra l’ami de Max Jacob, Pablo Picasso et Sacha Guitry. En 1912, réquisitionné pour accomplir son service militaire il se retrouve dans le même régiment que Maurice Chevalier. Imprégné de l’opérette traditionnelle, de musique américaine et de revues de music-hall, il perfectionne l’art parisien de la comédie musicale que son aîné Henri Christiné avait déjà grandement popularisé. En 1920, Mistinguett triomphe dans la revue Paris qui Jazz composée avec son ami Albert Willemetz. Ils décident alors de créer leur première opérette, Ta Bouche. En Europe, pendant l’entre-deux guerres, son oeuvre est un succès considérable. Durant les années trente, il compose quelques musiques de films dont la chanson de La Belle équipe, Quand on se promène au bord de l’eau. C’est en 1958, que Maurice Yvain alors vice-président de la SACD, compose sa dernière oeuvre Le Corsaire noir dans un style plus proche de l’opéra-comique. Il meurt en 1965. L’épouse de Maurice Yvain, décédée en 1972, a légué à la SACD tous les droits de son mari en contrepartie de la fondation d’un prix attribué chaque année à un compositeur de musique légère ou d’opérette.

Albert Willemetz, lyrics

Bien qu’elle soit fille de la fantaisie, la chanson, petite soeur de la poésie, a des lois Albert Willemetz est né en 1887. Au collège, il rencontre Sacha Guitry et feront ensemble leur première communion. Plus tard, ils créeront des revues et des chansons. Le jour de son concours d’entrée au Ministère de l’Intérieur, il arrive en retard et l’examinateur lui assène Vous vous croyez déjà dans l’administration ! Il deviendra secrétaire de Clémenceau. En 1918, il écrit Phi-phi sur une musique d’Henri Christiné et devient une figure du Tout-Paris des années folles créant des chansons inoubliables pour Mistinguett, Maurice chevalier, Arletty, Yvonne Printemps et Fernandel. Le 25 février 1935, a lieu au Théâtre de la Madeleine la première représentation des Joies du Capitole dont il est l'auteur avec Jacques Bousquet sur une musique de Raoul Moretti. En 1945, il devient président de la SACEM sans savoir lire une partition (disant lui-même je n’en connais pas une note) mais ses connaissances juridiques permettent de grandes avancées pour les droits des auteurs. C’est en 1964, atteint d’anévrisme, qu’il meurt dans le petit village, non pas de Truc-sur-Mer mais de Marnes-la-Coquette où repose Maurice Chevalier.

Yves Mirande, livret

C’était la beauté de l’époque : avec deux petits actes on était connu Yves Mirande est né à Bagneux en 1875 sous le nom de Charles-Antoine Le Querrec. Avec le baccalauréat pour seul bagage, il arrive à Paris et travaille chez le fabriquant de meubles Dufayel où il recopie des adresses sur des enveloppes. Il est renvoyé pour mauvaise écriture. Un peu plus tard, il devient secrétaire d’un ministre, puis sous-préfet, mais la veille de son entrée en fonction, en 1920, il apprend que la pièce Le Chasseur de chez Maxim’s, écrite deux ans auparavant, va être jouée. Dès le lendemain, il assiste aux répétitions. Sa deuxième pièce, Octave, le rend célèbre. Il passe alors ses nuits à boire du champagne dans le restaurant-titre de sa première pièce. Jacques Porel, Robert Trébor et Max Maurey lui réclament des pièces. Gustave Quinson, directeur de théâtre et auteur, ira même jusqu’à acheter un yacht pour l’y enfermer et ainsi le forcer à écrire. En1936, il signe pour le cinéma l’adaptation de Messieurs les ronds-de-cuir de Georges Courteline, film dans lequel joue Arletty. Plus tard, Irving Thalberg, patron de la Metro Goldwing Meyer, le fait venir à Hollywood, d’où il revient converti au whisky et couvert de dollars. Il meurt en 1957.

La compagnie Les Brigands

En 2000, alors qu’il sont réunis pour une production de La Belle Hélène de Jacques Offenbach au Théâtre du Châtelet sous la direction musicale de Marc Minkowski et dans la mise en scène de Laurent Pelly, Loïc Boissier propose à quinze de ses collègues du Choeur des Musiciens du LouvreGrenoble de monter une version légère de Barbe-Bleue du même Offenbach sur la Scène Nationale de Montbéliard à l’invitation de Patrick Ledoux alors programmateur par intérim. Benjamin Lévy dirige et Stéphan Druet met en scène. L’équipe s’organise en 2001 pour faire tourner ce spectacle une vingtaine de fois en France et notamment sur les Scènes Nationales de St-Quentin-en-Yvelines, La Rochelle et Martigues. Elle s’intitule Les Brigands, du nom d’un des chefs d’oeuvre de Jacques Offenbach. En 2002 puis 2003 s’affirme le goût pour des pièces méconnues du compositeur : ce sera, avec le soutien de la Fondation France Télécom, Geneviève de Brabant avec une première série de représentations au Théâtre de l’Athénée à Paris, puis Le Docteur Ox accompagné d’une première captation audiovisuelle*. En 2004, la décision est prise d’abandonner provisoirement Offenbach pour une partition au titre énigmatique que Loïc Boissier et Benjamin Lévy gardaient sous le coude : Ta Bouche. Le film d’Alain Resnais Pas sur la bouche (2003) semble alors confirmer l’intérêt pour ce répertoire. L’ouvrage est écrit pour neuf chanteurs, un format idéal pour le Théâtre de l’Athénée où Patrice Martinet propose de l’accueillir pendant un mois. Pour la saison 2005/2006, la compagnie Les Brigands donnera Ta Bouche 65 fois en tournée en France, Suisse et Belgique, notamment au Théâtre de la Croix-Rousse à Lyon (février 2006), au Théâtre du Jeu de Paume à Aix-en-Provence (avril 2006), à Nîmes, Blagnac, Nice, Bourges… et proposera une nouvelle production de Toi c’est Moi ! comédie musicale de 1934 signée Albert Willemetz et Moïse Simons en coproduction avec la Scène Nationale de La Rochelle et pour 30 représentations au Théâtre de l’Athénée à Paris en décembre 2005. Contact Compagnie : Loïc Boissier : 01 42 49 05 19 cielesbrigands@yahoo.fr *Une heure de programme pour ARTE et édition d’un DVD chez Tourbillon, récompensée d’un Diapason d’or.

Benjamin Lévy, direction musicale

Benjamin Lévy est né à Paris en 1974. Après un premier Prix de percussions au Conservatoire National Supérieur de Musique de Lyon, il étudie au Conservatoire de Paris où il obtient un prix d’analyse dans la classe de Michaël Lévinas avant d’entrer en classe de direction d’orchestre auprès de Janos Furst puis de Zsolt Nagy. Il suit également une formation à l’Academia Chigiana de Sienne et à l’American Academy of Conducting d’Aspen aux Etats-Unis. Ces dernières saisons, il a dirigé La Cambiale di Matrimonio de Gioacchino Rossini à l’Opéra de Dijon, Cosi Fan Tutte de Wolfgang Amadeus Mozart et La Vie Parisienne de Jacques Offenbach pour l’Opéra Eclaté. Il assiste Marc Minkowski avec le Mahler Chamber Orchestra dans Pelléas et Mélisande de Claude Debussy au Gewandhaus de Leipzig et Léonore de Ludwig Von Beethoven et en juillet 2005, avec les Musiciens du Louvre.Grenoble dans Mitridate de Wolfgang Amadeus Mozart au Festival de Salzburg. En 2004, il crée l’Orchestre de chambre Pelléas, formation au fonctionnement collégial. Après un premier concert co-dirigé avec Marc Minkowski, parrain de cet ensemble, au Théâtre de l'Athénée, l'orchestre a donné quatre concerts lors des dernières Folles Journées de Nantes. Cet été, Benjamin Levy est invité au Mexique où il dirigera l'orchestre de l'état de Veracruz. La saison prochaine, à l'Opéra de Lyon, il sera au pupitre de Monsieur Choufleuri de Jacques Offenbach, mis en espace par Laurent Pelly. Avec la Compagnie Les Brigands, il a dirigé Barbe Bleue, Geneviève de Brabant et Le Docteur Ox de Jacques Offenbach au Théâtre de l’Athénée et en tournée.

Stéphan Druet, mise en scène

Stéphan Druet, après une formation de comédien au Conservatoire du Xe arrondissement de Paris, est l’un des créateurs de la compagnie de clown Les Octavio. Depuis 1999, il met en scène plusieurs opéras, dont Croquefer de Jacques Offenbach. Son expérience théâtrale lui permet de réaliser une réelle direction d’acteur avec des chanteurs lyriques. C’est en 2001 que débute sa collaboration avec la compagnie Les Brigands puisqu’il signe les mises en scène de Barbe-Bleue, Geneviève de Brabant et Le Docteur Ox de Jacques Offenbach, ainsi que Ta Bouche de Maurice Yvain. En juillet 2005, il créera Dom Juan de Henry de Montherlant, puis une nouvelle comédie musicale, Toi c’est Moi de Moïse Simons, avec la compagnie Les Brigands.

Thibault Perrine, instrumentation

Thibault Perrine est né en 1979. Après une formation de violoniste, il étudie l’harmonie avec Jean-Claude Raynaud, l’écriture avec Thierry Escaich, l’orchestration avec Jean- François Zygel, la direction d’orchestre avec Nicolas Brochot et la direction de choeur avec Catherine Simonpietri. Puis il obtient son diplôme de formation supérieure d’écriture avec mention très bien au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris. Actuellement, Thibault Perrine est professeur d’écriture au Conservatoire National de Région de Strasbourg et compose également de nombreux arrangements musicaux pour des formations allant du quatuor à cordes, au grand orchestre, en passant par l’ensemble vocal. Il travaille, entre autres, avec le Quatuor Ludwig, l’Orchestre National de France et le festival d’Antibes Juan-les-Pins. Les éditions Billaudot font régulièrement appel à lui pour la réalisation de travaux divers, dont la réduction d’orchestre.

Emmanuelle Goizé, Eva, soprano

Emmanuelle Goizé étudie le chant au Conservatoire National de Région de Boulogne Billancourt et de Bayonne ainsi qu’au Centre National d’Insertion Professionnelle d’Artistes Lyriques de Marseille avec Ivan Matiakh. Elle chante, sous la direction de Jérôme Savary à l’Opéra comique, à la Scène Nationale de Bayonne, à l’Opéra de Madrid. Elle se produit également en récital avec le groupe Alborada, formation spécialisée dans la musique de chambre espagnole. Avec la compagnie Les Brigands, elle a chanté dans Barbe-Bleue, Geneviève de Brabant et Docteur Ox de Jacques Offenbach. En 2005, elle sera Papagena dans La Flûte enchantée de Wolfgang Amadeus Mozart au Teatro Real de Madrid mis en scène par la Fura dels Baus sous la direction de Marc Minkowski qu’elle retrouvera en juin 2006 au Théâtre du Châtelet dans la rôle de la première sorcière dans Dido e Aeneas de Henry Purcell.

Muriel Souty, Comtesse, mezzo

Muriel Souty entre à l’âge de dix ans, dans le Choeur d'Enfants et la Maîtrise de Jeunes Filles du Conservatoire du Mans, puis au Conservatoire National de Région de Caen et enfin au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris (CNSM) en 1998 où elle obtient son Prix dans la classe de Robert Dumé. Elle se produit comme soliste dans certaines oeuvres de Musique sacrée dont le Requiem de Wolfgang Amadeus Mozart, Te Deum de Kryztof Penderecki et Stabat Mater de Antonin Dvorak. Elle interprète des mélodies et lieder accompagnée du pianiste Christophe Manien avec qui elle a obtenu un prix de Musique de Chambre dans la classe de Pierre-Laurent Aimard au CNSM.

Isabelle Mazin, Mélanie, soprano

Isabelle Mazin étudie au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris dans les classes de Daniel Mesguich et Jean-Pierre Vincent. Ce dernier la met en scène au théâtre. Gildas Bourdet la dirige dans L’été de Romain Weingarten au Théâtre de la Colline à Paris. A l’opéra, elle chante notamment sous la direction de Jean-Yves Ossonce dans La Vie parisienne de Jacques Offenbach dans une mise en scène de Alain Françon à Lyon et dans L’Opéra de Quat’sous de Kurt Weill, dans la mise en scène de Charles Tordjman au Théâtre National de Chaillot. Au cinéma, elle a tourné entre autres, avec Francis Girod et Jean-Pierre Sinapi En juin 2005, elle jouera dans Malgré toi, malgré tout de Eugène Durif, mis en scène par Catherine Beau.

Sébastien Lemoine, Bastien, baryton

Après onze années et 2200 heures de vol passées comme navigateur aérien dans l’Aéronavale, il obtient en juin 2001 un Premier Prix de Chant, mention très bien, au Conservatoire National Supérieur de Musique puis entre ensuite à l'Opéra Studio de Lyon. Il est lauréat des concours de Rennes, Clermont-Ferrand et Marmande où il reçoit l'an dernier le Premier Prix de Théâtre Musical et le Second Prix de Mélodies Françaises. Il travaille sous la direction de Michel Corboz, Jean-Claude Malgoire et dernièrement de Rumon Gamba, aux côtés de Sir Thomas Allen, pour l’enregistrement par la BBC à Londres de Candide de Léonard Bernstein, compositeur qu’il affectionne particulièrement puisqu’il chante le rôle de Sam dans Trouble in Tahiti avec l’Orchestre de Picardie, sous la direction de Pascal Verrot et le rôle de Baker, aux côtés de Kim Criswell, dans Wonderful Town, spectacle qu’ils reprendront cet automne.

Gilles Bugeaud, Du Pas de Vis, baryton

Après ses études au Conservatoire National de Musique de Paris dans la classe de Nicole Broissin, Gilles Bugeaud crée un trio comique "La Troisième Ligne" avec lequel il se produit sur scène et à la télévision. Comme interprète, il chante un répertoire varié qui va de Jacques Offenbach à Léonard Bernstein et travaille notamment sous la direction de Mireille Larroche, Philippe Hui, Dominique My, Eric Krüger et Bernard Yannota. Passionné par le répertoire de cabaret, il crée son one-man-show musical J'ai mangé ma fourchette accompagné au piano par Christophe Manien (au Festival d'Avignon cet été). Cette saison, on peut le voir en tournée dans Of Thee I sing de George Gershwin, mis en scène par Jean Lacornerie et dans Notes de Champagne, un spectacle de cabaret d'Alain Germain.

Loïc Boissier, Jean Leduc, ténor

Diplômé de Sciences-Po, Loïc Boissier est à vingt-cinq ans l’administrateur des Musiciens du Louvre.Grenoble, orchestre dirigé par Marc Minkowski. Il a pris goût au chant au sein du Choeur de l'Armée Française et à la scène auprès de Joëlle Vautier en 1992. C’est en 1995, à la création du Choeur des Musiciens du Louvre qu’il se glisse dans les rangs et participe à de nombreux enregistrements dans les oeuvres de Jean-Baptiste Lully, Christoph Willibald Gluck, Marc-Antoine Charpentier et à des productions telles que La Belle Hélène de Jacques Offenbach au Théâtre du Châtelet, Platée de Jean-Philippe Rameau ou Giulio Cesare de George Friedrich Händel à l’Opéra de Paris. En 1998, il monte deux productions légères Bagatelle et Croquefer de Jacques Offenbach avant de créer en 2001 la compagnie Les Brigands. Cet été là, il est membre de l'Académie Européenne de Musique du Festival d'Aix-en-Provence et participe comme choriste à la production de Le Nozze di Figaro de Wolfgang Amadeus Mozart et en tournée à Tokyo en 2002. Puis en 2003, il est Alexis dans La Fiancée du Scaphandrier de Claude Terrasse au Festival des Malins-Plaisirs. Avec la compagnie Les Brigands, il est Saphir dans Barbe- Bleue, Pitou dans Geneviève de Brabant et Franz dans Le Docteur Ox au Théâtre de l’Athénée à Paris et en tournée en France. Il se consacre pleinement à la conduite de la compagnie Les Brigands et, comme chanteur, s’amuse au gré des distributions à prendre « ce qui reste ».

Alma de Villalobos, Margot, mezzo et Chorégraphie du spectacle

Alma de Villalobos se perfectionne au London Studio Centre après des études de danse classique, jazz et claquettes à Barcelone. Elle participe ensuite à différentes comédies musicales dans les mises en scène de Jérôme Savary Cabaret, La Périchole, Mistinguett et Irma la Douce et de Mario Gas en Espagne. Parallèlement elle suit une formation de comédienne et des cours de chant. En 2002 à Liège, elle est dans Chantons sous la Pluie et Simenon et Joséphine Baker, dont Barry Collins signe la chorégraphie et Jean-Louis Grinda la mise en scène. En 2004, elle rencontre Chet Walker, disciple de Bob Fosse, et devient son assistante en Norvège et en Espagne où elle tourne pour le cinéma, la télévision et enseigne aussi les claquettes.

Florence Andrieu, Marguerite, Mag, soprano

Florence Andrieu, après des études de piano et de chant dans la classe de Daniel Delarue au Conservatoire National de Région d'Aubervilliers-La-Courneuve, se perfectionne auprès de Françoise Guinchat et Christiane Issartel. Elle interprète l’oratorio, le cabaret, la mélodie française et le jazz. A l’opéra, elle chante sous la direction de Laurent Zaïk, Benjamin Lévy. En 2004, elle interprète le rôle de Lucy dans Le Téléphone de Gian Carlo Menotti accompagné par le Bernard Struber Jazztett. Elle collabore par ailleurs avec le Choeur de chambre Accentus.

Camille Slosse, Mag, soprano

Camille Slosse étudie actuellement au Centre de formation pour jeunes chanteurs du Conservatoire National de Région de Paris. Elle est membre du Jeune Choeur de Paris dirigé par Laurence Equilbey et Geoffroy Jourdain et travaille ainsi avec Pierre Boulez, David Levi et Kazushi Ono. Elle est l'assistante du chef de choeur Philippe Caillard au Conservatoire du Centre de Paris et dirige le choeur administratif du théâtre du Châtelet. En tant que soliste, elle a notamment interprété Stabat Mater et La Missa Brevis de Joseph Haydn, La Missa Solemnis de Johann Baptist Vanhal, les rôles de Manon dans La Veuve joyeuse de Franz Lehar, Suzel dans Le Docteur Ox de Jacques Offenbach avec la compagnie Les Brigands, la Première soeur quêteuse dans Suor Angelica de Giacomo Puccini. Elle a également participé à la création du Luthier de Venise de Gualtiero Dazzi au Théâtre du Châtelet en 2004.

Anne-Lise Faucon, Margot, soprano

Parallèlement à des études de lettres modernes, elle étudie le chant auprès d’Isabelle Eschenbrenner et Didier Puntos avant d’intégrer le Conservatoire National Supérieur de Musique de Lyon en 2001. Elle se perfectionne ensuite auprès de Mireille Deguy et Margreet Hönig. Elle interprète Lucietta dans Les Rustres de Carlo Goldoni au Château de Grignan puis prend part à deux productions, Bataclan de Jacques Offenbach et L’Opéra Thérapeutique d’Isabelle Aboulker, mises en scène par Pierre Letessier. En 2004 elle participe à l’Académie d’Ambronay avec le rôle de Daphné dans Actéon de Marc- Antoine Charpentier sous la direction de Christophe Rousset et Ludovic Lagarde.

Elisabeth de Sauverzac, costumes

Elisabeth de Sauverzac crée des costumes pour l’opéra, le théâtre et la danse. Au théâtre, elle travaille avec différents metteurs en scène dont Philippe Adrien, Christophe Thiry et Yves Chenevoy. Elle travaille également avec les chorégraphes Peter Goss, Maribé Demaille et Nathalie Pubellier. Pour l’opéra, elle assiste Anthony Ward pour la création des costumes de Macbeth de Giuseppe Verdi mis en scène par Phyllida Lloyd à l’Opéra de Paris-Bastille. En 2003, elle signe la scénographie et les costumes de C’est bien de Philippe Delerm mis en scène par Véronique Lesergent, ainsi que de Nathan le Sage de Gotthold Ephraim Lessing mis en scène par Dominique Lurcel. Avec la compagnie Les Brigands, elle crée en 2001 les costumes de Barbe- Bleue, en 2002 les costumes et décors de Geneviève de Brabant et les costumes de Docteur Ox en 2004 au Théâtre de l’Athénée à Paris, trois oeuvres de Jacques Offenbach. En 2005, pour le cinéma, elle crée les costumes de Houdini ou Dino réalisé par Corinne et Gilles Benizio.

Florence Evrard, scénographie

Florence Evrard, après des études de lettres modernes et une formation de plasticienne à l’Ecole Supérieure des Arts Appliqués, poursuit son apprentissage avec André Acquart qu’elle assiste, à l’opéra, sur des scénographies d’expositions et au théâtre, notamment dans L’antichambre de Jean-Claude Brisville, et dans Comment va le monde Môsieur, il tourne Môsieur de François Billedoux dont les décors seront nominés aux Molières. Elle travaille également avec Fred Personne, Jean-Christian Grinewald, Maurice Attias et Brigitte Jaques. En mars 2004, elle co-signe avec Caroline Ginet les décors de L'heure espagnole de Maurice Ravel et de Gianni Schicci de Giacomo Puccini, à l'Opéra Garnier, sous la direction de Seiji Ozawa et dans une mise en scène de Laurent Pelly. Elle réalise, à l’occasion de l’année de la France à Tokyo en 1998, une exposition pour le cinquantenaire de l’INRA et également un film d’animation pour le Grand prix de l’INSERM, en 2001. Avec la compagnie Les Brigands, elle signe la scénographie de Docteur Ox de Jacques Offenbach présenté au Théâtre de l'Athénée à Paris en décembre 2003.

Philippe Lacombe, lumières

Philippe Lacombe est un créateur de lumières dans de nombreux domaines artistiques. Au théâtre, il travaille avec de nombreux metteurs dont Agathe Alexis, Gabriel Garran, Jean-Luc Revol et Dominique Lurcel. Il met en lumières des spectacles de variétés d’Anne Roumanoff et de Charlélie Couture. Il a également réalisé des lumières pour de grands parcs d’attraction, des défilés de mode et des expositions, notamment pour le château de Vaux-Le-Vicomte et la Grande Halle de la Villette. Philippe Lacombe enseigne à l'Ecole Supérieure Nationale des Arts de la Marionnette de Charleville- Mézières, à l'Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris et anime régulièrement différents stages de formation. Avec la compagnie Les Brigands, il signe les lumières de Docteur Ox de Jacques Offenbach en 2004, au Théâtre de l’Athénée.

Images

       

Revue de Presse

"Les Brigands entonnent un Ta Bouche jubilatoire. Ta Bouche est un réjouissant spectacle qui équilibre théâtre parlé et numéros chantés."
Pierre Gervasoni, Le Monde

"Du rétro épatant. Le texte d'Yves Mirande, les lyrics d'Albert Willemetz... Idiot et génial ! "
Philippe Tesson, Le Figaro magazine

"Faites-vous plaisir avec Ta Bouche ! (...) cette petite perle pimpante et acidulée retrouve sa saveur, sa fraîcheur. La mise en scène de Stéphan Druet est malicieuse et ingénue. La troupe se révèle épatante. Benjamin Lévy donne un rythme jubilatoire et enlevé à ce spectacle tout à fait délicieux."
Agnès Dalbard, Le Parisien

"Le souffle des Années folles."
Jacques Doucelin, Le Figaro

"Le vaudeville à pleine Bouche. Il en résulte des duos magiques d'éloquence et des quatuors rythmiquement virtuoses, d'autant plus désopilants que réglés vocalement et chorégraphiquement au cordeau."
Eric Dahan, Libération

"Un baiser sur Ta Bouche. Adapté avec brio par la Compagnie Les Brigands... Léger et subversif."
 Jean-Louis Lemarchand, La Tribune

"Un bijou des Années folles. Le chef, Benjamin Lévy, se démène pour rendre justice à l'invention rythmique dans les finals et à la tonalité "parfum de Paris" corsée par un peu de swing."
Yves Bourgade, Figaroscope

"Ta bouche (A croquer !)."
Le Canard enchaîné, Bernard Thomas

Marguerite, Mag et Margot, les trois commères, entonnent l’opérette "Ta bouche", et à l’image de ces premières notes, tout le reste ne sera qu'intrigues virevoltantes et enchaînements retournants, partie de claquettes et chorégraphies enjouées, envolées lyriques et ritournelles… "Ta bouche" respire la fraîcheur et la légèreté des années 1920, période où cette opérette a été écrite par Maurice Yvain, Yves Mirande et Albert Willemetz. La compagnie Les Brigands a ramené cette comédie musicale, première du genre français, depuis les années folles, pour la faire revivre sur scène, et quelle vie !
Les personnages sont admirablement interprétés par les comédiens qui de leur voix poussent la chansonnette ou entonnent des solos lyriques et jouent sur le registre de la farce sans tomber dans le vaudevillesque graveleux. On ne peut être qu’impressionné par la virtuosité avec laquelle les comédiens passent justement de chorégraphies chantées aux dialogues désarmants sans oublier les mises en abîmes déconcertantes.
Grâce à une mise en scène limpide et joyeuse, mais également grâce à une direction musicale entraînante "Ta Bouche", est un vrai moment de plaisir, où le sourire en coin ne s’efface que pour laisser place au rire.
Evene, Jean-Baptiste Deau

A l'instar du contemporain "Frou Frou les bains" de Patrick Haudecoeur qui nous avaient ravi en 2001 au théâtre Daunou, c'est pareillement un grand régal d'apprécier en cette période de fêtes de fin d'année 2004 "Ta Bouche" de Maurice Yvain avec des dialogues d'Yves Mirande et des Lyrics d'Albert Willemetz ayant fait l'inauguration de ce même théâtre en 1929 et que la compagnie "Les Brigands" sous la direction musicale de Benjamin Levy et la mise en scène de Stéphan Druet créée dans le cadre d'une tournée en France s'installant notamment un mois au Théâtre de l'Athénée.
Dans une piscine d'hôtel qui par la même occasion fait office de fosse d'orchestre, une formation de onze musiciens s'ébroue en avant-scène, en assurant des rythmes endiablés de fox-trots, javas, charlestons et autres bostons qui annoncent durant les années folles, le jazz et les comédies musicales de Broadway !...
Ce que l'on dit en chantant étant aussi important que ce que l'on dit en jouant, texte et musique semblent se fondre mutuellement dans des enchaînements ponctués de coups de théâtre où trois couples mixtes d'enfants, parents et domestiques se font et se défont pour mieux se mélanger et se recomposer différemment au gré des intérêts bien ou mal compris!...
Premier volet d'un triptyque comprenant "Ta bouche", "Pas sur la bouche" et "Bouche à bouche", cet opéra-bouffe ou opérette en trois actes est un véritable petit opéra "en-chanté" où il ne se passe rien d'autre à Truc-sur-mer, Pouic-les-flots et Tric-les-bains que des histoires d'amours contrariés par des affaires d'argent mais dont les indiscrétions font courir les rumeurs les plus contradictoires !...
Emmanuelle Goizé et Sébastien Lemoine emmènent cette folle farandole là où la légèreté de tous les rôles s'offrent à l'humour, au décalage et au brio de l'interprétation !...
Un véritable bain de jouvence pour le spectacle musical où voix et instruments ignorent tout de l'amplification microphonique !...
Theothea le 16/12/04

Réjouissante reprise que cette Bouche-là au théâtre de la Madeleine. Après avoir fait les bonheurs de la fin d’année 2005 à l’Athénée, La compagnie Les Brigands menée d’une main de maître par Stéphane Druet nous revient pour clôturer une saison qui manquait décidément beaucoup d’audace et d’inspiration, dans le théâtre de la rue de Surène. Retour donc aux années 20, un temps où Yves Mirande (dialoguiste) était un nom célébré sur scène comme sur écran. Accueilli par la critique de l’époque comme un expert de la verve relevée, il a malheureusement perdu de son attrait avec le temps. Ta Bouche lui fait honneur ainsi qu'à Albert Willemetz et Maurice Yvain, respectivement parolier et compositeur.
Un cocktail détonnant
Autant l’adaptation cinéma de Pas sur la Bouche (composée par Maurice Yvain) par le talentueux Alain Resnais pouvait faire frémir la jeune génération tant les situations et le jeu paraissaient excessifs et les traits volontairement tirés à l’excès. Autant la mise en scène de Ta bouche est un moment de pur plaisir, enjoué à loisir et relevé par une orchestration de choix. Mais si le charme opère tant c’est surtout par la qualité d’interprétation raffinée et subtile ainsi que par le chant d’une teneur pleinement maîtrisée. Les petits pas de danse ne manquent pas non plus de ravir un auditoire conquis dès les premiers tubes comme « Le petit amant » et « De mon temps ».
Mesdames, avez-vous donc songez à vous trouver un amant fortuné pour l’été ? Sachez qu’il ne faut pas trop attendre, car trois jeunes brunettes sévissent en bord de piscine en vue de conquérir et le portefeuille et le cœur de leur précieuse proie. Leur démarche est un peu ingénue mais elle a le mérite d’amuser la galerie, d’autant plus que leurs discussions ne sont pas dénuées d’un malicieux vent révélateur d’une époque moribonde.
Le genre vaudeville pieusement affiché exécute une indéniable séduction tant les échanges sont empreints d’esprit et de délicieuses trouvailles. Le constat est terrible : chaque personnage cherche à réaliser un mariage heureux (économiquement) afin d’effacer une ruine malheureuse et s’assurer un avenir sous le soleil du bord de mer.
Que la situation se passe à Truc-sur-mer, Pouic-les-flots ou Fric-les-bains, stations très courues par la bourgeoisie, les couples se forment et prennent de la distance, comme dans une danse effrénée pour trouver le partenaire idéal, celui qui se laissera mené par le bout du nez.
La nomination de ce spectacle aux Molières n’est qu’une confirmation du bonheur que l’on éprouve à chantonner l’amourette du début de siècle dernier.
Alexandre Simonet, la Factory

La musique fait mauvais ménage avec le théâtre : tantôt elle ne sert qu'à distraire le spectateur pendant les changements de décor, tantôt elle submerge les mots jusqu'à les rendre inintelligibles et c'est alors Verdi ou Wagner. Au service du Roi-Soleil qui raffolait autant des deux arts, les deux Jean-Baptiste, Molière et Lully, ont su conjuguer et mêler la comédie, le concert et la danse. Puis leur rivalité dans les faveurs de Louis XIV les a brouillés. C'est le miracle de cette géniale alchimie que la Comédie-Française veut faire revivre en affichant côte à côte L'amour médecin et Le Sicilien ou l'amour peintre. Mais la musique, pourtant magnifiquement servie par Les Arts florissants de William Christie, est reléguée au loin, en haut et au fond de la scène. Quant à la comédie et aux ballets, ils sont écrasés par une modernisation à tout prix, particulièrement envahissante dans Le Sicilien, qui jure avec les menuets de Lully. Rit-on autant qu'à la cour de Versailles ? Dans le rôle de Sganarelle qu'interprétait Molière lui-même, Nicolas Lormeau se révèle aussi parfait comédien qu'étonnant chanteur baroque - ce qui tient du prodige.
Deux siècles plus tard, Offenbach, avec le concours de Meilhac et Halévy pour les (bons) mots, enchanta l'Europe entière. Ses opéras bouffes sont encore régulièrement joués. Cela donne le pire (sort de La vie parisienne!) ou le meilleur, lorsque Laurent Pelly met en scène, dans les rôles qui firent la fortune d'Hortense Schneider, Felicity Lott, une diva britannique francisée par les gaudrioles du Second Empire.
Après la Belle Epoque, voici les années folles. Albert Willemetz, admirateur de Mistinguett, écrit des couplets gentiment coquins qu'Henri Christiné ou Maurice Yvain mettent en musique. L'opérette est née. Elle fait oublier aux Français les boucheries de la Grande Guerre. Mais une autre guerre va engloutir jusqu'au souvenir de ces petites comédies bien troussées et rythmées dont on fredonnait les refrains sur les plates-formes des autobus.
Au théâtre de la Madeleine, des jeunes chanteurs excellents comédiens donnent le chef-d'œuvre du genre, Ta bouche, dans une malicieuse mise en scène de Stéphan Druet. Signe de notre temps de violences et de crise, la naïve comédie musicale, vite tricotée par Willemetz et Yvain, retrouve une sacrée jeunesse quatre-vingt-trois ans après sa naissance.
Philippe Alexandre, Lire

L’intacte pétulance des années vingt
La compagnie Les Brigands offre du nerf au spectacle de Maurice Yvain, créée en 1922.
Au coeur des années folles, le mot d’ordre noctambule était qu’après les horreurs de la Grande Guerre, il fallait s’amuser coûte que coûte, rire, papillonner. Ou du moins s’y efforcer, faire semblant de croire à cette paix jugée fragile par beaucoup. On prend aujourd’hui la mesure de l’urgence qu’il y avait à faire diversion en découvrant Ta bouche, cette opérette en trois actes créée en 1922 par Maurice Yvain dont ce fut le premier grand succès. Les dialogues et lyrics de ce qui se désigne aussi par opéra-bouffe - voire, aujourd’hui, par comédie musicale -, respectivement d’Yves Mirande et d’Albert Willemetz, se rassasient de bouffonneries autour de mariages d’intérêt, d’amour - parfois. Sur fond d’oisiveté balnéaire, une bientôt vieille peau, soi-disant comtesse, et un vieux beau, M. du Pas de Vis, se mentent sur leurs dettes respectives, car elle et lui comptent s’unir et unir leurs rejetons, qui s’aiment pour de bon, pour se renflouer. Les mensonges sont découverts à Truc-sur-Mer et on retrouvera la clique à Pouic-les-Flots un an plus tard : Madame aura épousé Jean Leduc, son serviteur, et Pas de Vis, sa bonne, Mélanie. Un registre vaudevillesque donc, et une intrigue si dénuée de la plus infime marque d’anxiété que c’en est confondant et, avouons-le, délassant et revigorant par la froidure qui court ! D’autant que cette légèreté-là a été écrite avec art.
Si le genre de l’opérette - apparaît aujourd’hui désuet, la nostalgie qu’il propage a bien du charme. Et puis la compagnie Les Brigands s’est emparée de Ta bouche avec vitalité et un talent cumulant jeu, chant maîtrisé et danses audacieuses, saccadées, lesquelles embrasaient juste la capitale en 1922 : fox-trot, one-step. Dans la fosse, creusée en piscine, l’orchestre, dirigé par Benjamin Lévy, offre un souffle festif, et de la charpente, à ces déhanchements et jeux de jambes rythmés, ainsi qu’à ces lyrics puissamment entonnés aux finals. On s’autorisera des réserves sur des passages chantés pas toujours très articulés et difficiles à saisir, et sur le rôle de la comtesse, un brin surjoué. Enfin, aux premiers moments de Ta bouche, il manquera aux - interprètes la frénésie commune de leurs personnages.
Après l’entracte, ce défaut s’éclipse nettement et l’opérette palpite véritablement dans une lumière saturée de tons pastel et de scintillements chauds. Trois - pimbêches ressemblantes minaudent, miaulent les derniers potins matrimoniaux sur la plage, en tenues d’époque changeantes, pimpantes, et recherchées, qu’on leur envie (bravo à Élisabeth de Sauverzac !). En Monsieur du Pas de Vis ferme mais pathétique, Gilles Bugeaud se régale, et recompose à l’identique la gestuelle rétro des opérettes : il se crispe, nous fixe et il a l’air de taper du poing dans le vide, comme d’ailleurs Sébastien Lemoine quand Bastien sait qu’il est cocu. Lequel est en osmose de tendresse avec Éva, à qui la voix charnelle et la grâce d’Emmanuelle Goizé dessinent une personnalité forte. Bref, ces gens-là ont du coffre et du nerf pour servir ces mouvements de frivolité, gourmande, intéressée, pétulante enfin, des années vingt. Et c’est bonheur de voir briller les yeux de tant de spectateurs !
Aude Brédy, L'Humanité

Après Dédé et Là-haut en 1998, Le Sire de Vergy en 2000 et quelques courageuses versions concertantes Salle Favart, Paris continue sa lente redécouverte de l'étonnant répertoire d'opérettes du début du XXème siècle.
Le cru 2005 est dans la bonne moyenne avec cette résurrection de Ta bouche des mêmes Maurice Yvain et Albert Willemetz à qui l'on devait déjà Là-haut. Cette fois, l'intrigue et les dialogues sont d'Yves Mirande, auteur dramatique, scénariste, cinéaste et acteur à l'occasion, mais surtout homme d'esprit.
L'opérette nous compte les déboires de deux familles désargentées qui cherchent à redorer leurs blasons respectifs par un beau mariage. C'est dans l'espoir de marier sa fille Eva que la comtesse sëest rendue à Truc-sur-Mer, accompagnée de son domestique et amant. Elle y rencontre le Comte du Pas de Vis (qui est dans la même situation et conçoit les mêmes espérances pour son fils Bastien), mais les deux anciens complices comprennent vite leurs situations financières respectives.
Hélas, les deux jeunes gens sont tombés amoureux l'un de l'autre et, se croyant promis au mariage, ont déjà "pris un pain sur la fournée". On les sépare d'urgence.
A l'acte suivant, la comtesse, qui a épousé son domestique enrichi aux courses (1), est venue se reposer à Fric-les-Bains, flanquée de sa fille.
Le comte du Pas de Vis a lui aussi épousé sa domestique enrichie grâce à un bel héritage. Son fils Bastien a, quant à lui, fait un beau mariage d'argent. Mais bien entendu, les jeunes gens sont toujours amoureux et reprennent du service.
Les cloisons de l'hôtel n'étant pas particulièrement épaisses, les amants ont la surprise de deviner les ébats simultanés de la femme de Bastien avec son cousin. Furieux, le jeune homme disparaît... et divorce de sa riche et laide épouse aux torts de celle-ci !
Au dernier acte, tout rentre dans l'ordre ; Eva retrouve Bastien à Pouic-Les-Flots ainsi que nos nobliaux et leurs domestiques, appariés "par classes sociales" cette fois.
Sur cette intrigue joyeusement amorale et légèrement scabreuse, Maurice Yvain a composé une partition alerte et vive, un peu jazzy à l'occasion, moins brillante toutefois que celle de l'irrésistible Là-haut dont nombre de couplets étaient immédiatement mémorisables.
Les temps sont durs, et il faut se contenter d'une adaptation orchestrale pour une douzaine d'instruments... et moitié moins d'instrumentistes ! Le résultat évoque parfois la musique de cirque : légèreté et insouciance ne sont pourtant pas synonymes de vulgarité. Dans ces conditions, il faut saluer le talent de Benjamin Lévy qui fait tout son possible pour rendre une certaine dignité à l'exécution musicale.
Les chanteurs-acteurs-danseurs qui composent la troupe de la compagnie "Les Brigands" sont tous excellents. Saluons particulièrement l'inénarrable comte du Pas de Vis de Gilles Bugeaud et l'Eva d'Emmanuelle Goizé, particulièrement bien chantante. J'ai également apprécié le Bastien de Sébastien Lemoine qu'on croirait sorti d'un film des années trente.
Les "3M" (Marguerite, Mag et Margot) sont en revanche plus discutables, leur articulation déficiente rend souvent incompréhensibles leurs interventions : c'est d'autant plus regrettable qu'elles sont chargées d'exposer l'action ou de commenter des événements inconnus des spectacteurs.
L'articulation représente en effet un point essentiel de ce type d'ouvrage ; surtout avec un auteur de lyrics (2) tel qu'Albert Willemetz dont les textes sont brillants et plein d'esprit et dont la prosodie joue à plaisir avec les rythmes syncopés d'Yvain.
La production est une réussite : superbe décor (unique mais réservant mille surprises), costumes délicieux et drôles à l'occasion, s'inspirant des "années folles", éclairages dignes de Broadway, et une mise en scène alerte et vive, un peu décalée, et réglée au quart de poil.
Le spectacle part en tournée dans toute la France : ne le manquez pas !
Placido CARREROTTI, Forum Opéra

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